Amenez-moi un homme sans instruction, mais sûr de lui comme le sont tous les sots, qui a d’accident une paillette de fer dans l’½il : « Mon ami, lui dirais-je, on trouve au mont Sipyle, dans l’Asie Mineure (c’est bien loin d’ici), une pierre extraordinaire qui guérirait sur-le-champ votre ½il malade et enflammé, si vous pouviez la regarder de près. C’est quelque chose de fort mystérieux, et qui ne saurait s’expliquer, si ce n’est parce que Dieu l’a permis de la sorte ; mais il n’y a que cette pierre qui puisse vous soulager.

- Vous me la donnez belle, me répondrait-il en colère, avec votre pierre du mont Sipyle ! Contes de bonne femme que cela ! misérable amusette de charlatan...

J’ai supposé que cet homme était sot. C’est déjà plus de la moitié d’un philosophe.
- Le hasard, répondrais-je alors, permet qu’au temps de mes voyages lointains j’aie fait enchâsser un fragment de cette pierre dans le chaton de la bague que voici, et nous sommes en mesure d’éprouver sa vertu.

J’approcherais alors de l’endroit douloureux la pierre du mont Sipyle, et le corps étranger volerait vers elle, car la pierre du mont Sipyle, c’est l’aimant. L'aimant a des propriétés fantastiques pour ceux qui ne les ont pas essayées. Il en est ainsi de mille autres puissances naturelles, qu’un peut nombre d’hommes connaissent, et d’une multitude infinie de merveilles plus occultes encore, que personne ne connaît.

Jean-Charles Nodier, Jean-François les bas-bleus

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