Après la défaite

Au Gros Tilleul, on s’arrêta comme de coutume, et Lebrac rompit le silence :

- On se retrouvera demain matin, près du lavoir, au second coup de la messe, fit-il d’une voix qu’il voulait rendre ferme, mais où perçait tout de même, dans une sorte de chevrotement, l’angoisse d’un avenir trouble, très incertain, ou plutôt trop certain.

- Oui, répondit-on simplement, et Camus le lapidé vint lui serrer les mains en silence, pendant que la petite troupe, très vite, s’égrenait par les sentiers et les chemins qui conduisaient chacun à son domicile respectif.

Quand Lebrac arriva à la maison de son père, près de la fontaine du haut, il vit la lampe à pétrole allumée dans la chambre du poêle et, par un entrebâillement de rideaux, il remarqua que sa famille était déjà en train de souper.

Il en frémit. Cette constatation coupait net ses dernières chances de ne pas être vu en la tenue plutôt débraillée dans laquelle il se trouvait par le plus fatal des destins.

Mais il réfléchit que, un peu plus tôt ou un peu plus tard, il fallait tout de même y passer, et, résolu à tout recevoir, stoïquement, il leva le loquet de la cuisine, traversa la pièce et poussa la porte du poêle.

Louis Pergaud, La Guerre des boutons

quizQuestions du QCM

  • 1 La fonction de « ferme » est :
  • 2 Chacun représente :
  • 3 La phrase « Quand Lebrac arriva... en train de souper. » comporte :
  • 4 La nature grammaticale de « en » (frémit) est :
  • 5 La classe grammaticale de « net » est :
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